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Désirs d'avenir UK - Ségolène Royal 2007
25 août 2006

Lionel Jospin entend rester un recours contre Mme Royal

LE MONDE | 25.08.06 | 13h30  •  Mis à jour le 25.08.06 | 13h32

ARS-EN-RÉ (CHARENTE-MARITIME) ENVOYÉES SPÉCIALES

l n'a pas quitté l'île de Ré de tout l'été. Mais ce jeudi 24 août, il ouvre la porte de sa petite maison, au coeur du village d'Ars-en-Ré. Il n'a pas quitté l'île de Ré de l'été, sauf une semaine, pour croiser en haute mer, au large des côtes croates. Et là, même à plusieurs milles de la France, la politique l'a rattrapé.

Comme chaque année, Jean Glavany avait convié son ami Lionel Jospin sur le catamaran qu'il a acheté avec Jean-François Fountaine, le vice-président de la région Poitou-Charentes. Il n'a été question que d'elle, Ségolène Royal. Jean Glavany n'avait pas de mots assez durs pour dire ses manières "populistes". Jean-François Fountaine, qui la pratique chaque jour à Poitiers, avait mille anecdotes sur ses méthodes de gestion. Lionel Jospin les a écoutées avec un intérêt mêlé de ravissement.

C'est à cause d'elle que, le 28 juin, sur TF1, il a annoncé qu'il était "disponible" pour l'élection présidentielle de 2007. Disponible : un mot, pas grand-chose, mais on le pressait de tous côtés. "Il faut que tu fasses un signe, les copains se désespèrent", se décourageait son ami Daniel Vaillant. A son retour, il a pu constater que la présidente de la région Poitou-Charentes était toujours la favorite des sondages.

En cette fin d'été, Lionel Jospin refuse, pourtant, d'aller plus loin dans la bataille. Son orgueil l'en empêche ; sa crainte d'échouer le retient. Samedi 26 août, quand il planchera sur "les rapports de la gauche et du pouvoir" devant les jeunes socialistes, il ne fera aucune annonce. "Je ne déclarerai pas ma candidature. Je n'y viens pas pour faire ma rentrée politique", assure-t-il ce jeudi.

La bataille se joue maintenant, pourtant. Mais son plan n'est pas celui-là. "Pour lui, la situation était complexe. Elle est devenue hyper-complexe", note Gérard Le Gall, son ancien conseiller en sondages, qui a rallié depuis trois mois Ségolène Royal.

Car son orgueil n'accepte qu'une seule stratégie, si Ségolène Royal persiste : que les "éléphants" l'appellent publiquement à se présenter et se rangent derrière lui. "Il ne sera jamais le candidat supplémentaire", résume Daniel Vaillant. "Personnellement, je suis assez tranquille ; mais, politiquement, je suis assez préoccupé", convient seulement Lionel Jospin, sans citer celle qu'il considère comme un danger pour le PS.

Et avant d'avertir : "J'utiliserai le mois de septembre, jusqu'à l'investiture, le 3 octobre, pour défendre ce à quoi je suis profondément attaché. Je n'ai pas envie que soit balayé ce pour quoi je me suis battu toute ma vie."

NOVATION ET RÉGRESSION

Mardi 22 août, pour une fois, il a pris son téléphone. Et proposé lui-même une rencontre à Dominique Strauss-Kahn. "L'investiture de Ségolène peut faire exploser le parti. Jospin est le seul qui puisse fédérer honorablement DSK, Hollande, Jack Lang et même Laurent Fabius", veut se persuader Jean Glavany.

Pour l'instant, ces derniers sourient poliment. "Le fil n'est pas rompu, mais nous avons appris à vivre sans lui", analyse Pierre Moscovici, proche de DSK. Mais leurs troupes, elles, sont vent debout : " Jospin semble oublier qu'il n'a fait que 17 % en 2002", s'exaspèrent-ils, tous courants confondus. "Il ne m'a pas semblé qu'il ait fait un grand retour sur lui-même", ironise de son côté Arnaud Montebourg, qui l'a rencontré fin juin, dans un salon de l'hôtel Lutétia.

"On ne l'enverra pas au casse-pipe", prévient, lucide, Jean Glavany. Mais si, en retour, Ségolène Royal est adoubée par les militants, il n'est pas sûr qu'elle puisse compter sur lui. Il a déjà prévenu.

Alors qu'en avril dernier il dînait, chez lui, à Paris, avec le député européen Bernard Poignant et le maire de Villeneuve-sur-Lot, Jérôme Cahuzac, Lionel Jospin a glissé, l'air de rien : "Je suis en désaccord avec sa conception de la politique. Si je ne suis pas candidat, il n'est pas certain que je lui apporte mon soutien." Aujourd'hui, il n'a pas changé d'avis.

Rien n'est simple pourtant avec l'ancien premier ministre. "Je sais que je suis apte à exercer la fonction présidentielle ; mais cela ne me pousse pas naturellement à la candidature", lâche-t-il dans une de ces formules épuisantes qui disent tous ses dilemmes. Est-ce l'effet de cet étrange travers ? Le "disponible" du mois de juin n'a eu aucun effet sur les cadres du PS. Et les défections redoutées ont eu lieu, vers Ségolène Royal.

C'est elle sa véritable adversaire. Avec ses "désirs d'avenir", ses sites Internet, sa "démocratie participative" et son "expertise citoyenne" ! Autant de mirages qui exaspèrent Lionel Jospin. "Il ne faut pas que la novation soit une régression", rétorque-t-il jeudi à Ars-en-Ré. Publiquement pourtant, jamais il ne prononce le nom de Ségolène Royal. Un de ses anciens ministres décrypte son nouvel état d'esprit sur le couple : "Il juge maintenant qu'Hollande n'est pas un bon candidat, et que Ségolène est indigne de le devenir."


Raphaelle Bacqué et Ariane Chemin

Article paru dans l'édition du 26.08.06

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