Nouvelle vigueur pour le TSS

LA "MACHINE à perdre" est-elle enclenchée comme l’a laissé entendre Ségolène Royal depuis Dakar ? En tous cas, si Ségolène Royal reste la meilleure chance de battre la droite, ce qui est sûr qu’à l’intérieur du Parti Socialiste le TSS, le "Tout sauf Ségolène" est en train retrouver une nouvelle vigueur. Dans les derniers mètres du sprint qui nous séparent de la clôture des candidatures, mardi prochain, chacun essaye de faire pression pour réduire le nombre des prétendants à la désignation. Alors que le numéro 2 du parti, François Rebsamen a annoncé hier son ralliement escompté à Ségolène Royal, le même homme a appelé explicitement Lionel Jospin à ne pas se présenter, alors depuis plusieurs jours les signes de sa candidature se multipliaient. "Le devoir de Lionel Jospin, en cette rentrée c'est d'aider les socialistes à construire leur avenir avec les Français, c'est enfin se mettre à nos côtés au service de la victoire en mai 2007 qui seule lavera l'affront du 21 avril 2002". C’est que depuis quelques semaines, l’ancien candidat socialiste est devenu l’adversaire le plus acharné de son ancienne ministre. Il ne la supporte littéralement pas. Avec elle la gauche serait désormais sans repères, en proie à une phénomène médiatique. Claude Allègre qui est d’ordinaire la voix de son maître a récemment expliqué l’enjeu du retour de Lionel Jospin : "les sondages et les médias réussiront-ils là où ils ont échoué avec Rocard puis Balladur ? C’est à dire à désigner les candidats à la présidence à la place des partis politiques ?". C’est qu’avec l’élargissement sans précédent de ses effectifs – 80 000 nouveaux adhérents sur les 200 000 que compte le PS se sont inscrits grâce au système de la carte à 20 euros – une bonne partie des anciens barons se sentent en quelque sorte dépossédés de leur influence. Jusque là les rapports de force se mesuraient en fonction des différents courants. Or, c’est cette ancienne alchimie qui se trouve mise à bas, les nouveaux adhérents représentant l’arrivée d’un courant d’air frais dans un parti sclérosé par les anciens rapports de force entre courants. Ceux-ci ont réussi à imposer plusieurs débats qui risquent fort de se transformer en affrontements publics, avec comme unique mot d’ordre …"TSS". J.-M. B.

par Jean-Marcel Bouguereau, rédacteur en chef au Nouvel Observateur et éditorialiste à la République des Pyrénées, pour laquelle a été rédigé cet article

(le jeudi 28 septembre 2006)