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Désirs d'avenir UK - Ségolène Royal 2007
3 octobre 2006

François Hollande : "Une candidature s'est incontestablement installée"

LE MONDE | 03.10.06 | 11h50

ourquoi avez-vous renoncé à être candidat ?

Comme premier secrétaire, j'ai toujours veillé au rassemblement des socialistes et je n'ai jamais confondu ma responsabilité à la tête du parti avec la préparation d'une candidature. Celle-ci n'avait de sens que si elle permettait le rassemblement de tous, car je suis au service du PS, et pas l'inverse. Mon seul objectif, c'est la victoire de la gauche en 2007, pas mon destin personnel.

Cette décision vous a coûté ?

Bien sûr qu'on pense toujours être le mieux qualifié, le plus légitime. Moi-même je pensais en avoir fait la démonstration pour avoir redressé le PS après le 21 avril 2002, gagné les élections régionales et européennes de 2004, réussi la synthèse autour du projet. Dès lors que d'autres solutions pouvaient se présenter et que je n'étais pas en situation d'être le candidat dans les conditions que je m'étais fixées, cette décision s'imposait. J'ai compris que mon rôle n'était pas d'être un de plus, mais celui qui devrait encore permettre le rassemblement des socialistes après leur vote le 16 novembre et, si c'est nécessaire, le 23. Ma mission sera, avec le ou la candidate, de conduire la gauche à la présidentielle, aux législatives, et de passer le moment venu la main comme premier secrétaire du PS.

N'aviez-vous pas votre légitimité de premier secrétaire ?

Le congrès du Mans aurait dû être le congrès d'investiture à la présidentielle à travers le choix du premier secrétaire. Mais, dès lors que ce congrès a été celui de la réconciliation nécessaire entre le"oui" et le "non" [à la Constitution européenne] au sein du PS, la question des candidatures a été laissée ouverte. La synthèse était à ce prix. J'observe que le seul premier secrétaire qui ait été investi comme candidat, c'est François Mitterrand, en 1974 puis en 1981. Il n'y a donc pas d'automatisme. Je pense néanmoins que le quinquennat nous oblige à changer nos procédures. La logique devrait être en effet que le congrès précédant l'élection soit celui de la désignation. Cela évitera à l'avenir cette interminable campagne interne.

Ségolène Royal avait dit que vous prendriez votre décision en couple. Cela a-t-il été le cas ?

Non et cela n'avait pas à l'être. Il y a eu des discussions, comme avec d'autres. Mais j'ai toujours considéré que nous devions, elle et moi, chacun agir en responsabilité et en liberté.

S'effacer au profit de sa compagne, c'est moderne ?

Je ne me suis jamais posé la question ainsi. Je me détermine en fonction de ce que je crois être l'intérêt général. Je n'ai jamais fait prévaloir un choix individuel ou personnel. Il n'y a là ni bravoure ni humilité.

Mais auriez-vous fait ce même choix si elle n'avait pas été en lice ?

Oui exactement le même. Il n'est pas lié aux personnes, mais au contexte. Une candidature s'est incontestablement installée.

C'est donc l'opinion qui a tranché ?

En démocratie elle compte forcément. A partir du moment où le Parti socialiste n'offrait pas une cohérence de candidature autour de son premier secrétaire, il était assez prévisible que ce que l'on appelle faussement l'opinion – c'est-à-dire nos sympathisants, nos militants – s'empare d'une personnalité correspondant à leur volonté de victoire. Paradoxalement, c'est la multiplication des candidatures qui a permis à l'une, moins prévue que d'autres, de surgir.

Cela affecte t-il la nature du Parti socialiste ?

Elle n'est pas en cause. Ce n'est pas parce qu'il y a 80 000 nouveaux adhérents que nous serions menacés de je ne sais quelle dérive. Ceux qui nous rejoignent sont depuis longtemps nos sympathisants, beaucoup nous ont suivi dans les campagnes électorales et certains ont eu le remords de ne pas l'avoir fait plus tôt. Ils appartiennent à notre culture politique. Il n'y a aucun risque quant à notre orientation. L'ouverture du Parti socialiste c'est sa chance. Non pas pour une candidature présupposée, mais pour un succès collectif en 2007. Je serai, comme premier secrétaire, le garant non seulement de l'unité des socialistes, mais de leur projet et de la ligne de leur parti.

C'est la date de clôture des candidatures. Appellez-vous au rassemblement derrière Ségolène Royal ?

Non. J'appellerai au rassemblement des socialistes derrière celui ou celle qui sera désigné. Je ne ferai pas connaître mon choix durant la période où les militants devront faire le leur. Et j'interviendrai comme premier secrétaire si l'essentiel me paraît en cause. Mon rôle, c'est d'être le garant de la clarté du débat et du respect : respect des candidats, du projet, des adhérents et, j'insiste, respect de leur vote. La démocratie ne doit pas être une procédure, mais une propulsion. J'ajoute qu'il n'y a pas trois socialismes en débat, mais trois conceptions de l'action politique. Les trois candidats en compétition ont siégé dans le même gouvernement, signé parfois les mêmes motions de congrès derrière moi, et ils ont approuvé le même projet. Le rassemblement, après le vote, en sera facilité.

Mais, dans la campagne, quel va être votre rôle ?

La référence, c'est celle de François Mitterrand en 1981. Le candidat peut avoir sa propre équipe, mais la définition stratégique de la campagne devra se faire autour du Parti socialiste pleinement impliqué dans la perspective du rassemblement de la gauche.

Si Ségolène Royal est désignée, ce ne sera pas la campagne des comités Désirs d'avenir ?

Non, dans l'intérêt même de la candidate si c'était elle qui était choisie. Le parti est une force majeure dont nul ne peut se passer et le projet socialiste n'est pas un boulet à traîner mais un atout pour convaincre. Celui ou celle qui l'oublierait commettrait une faute : rappelons que le premier tour est avant le second.

Les jeux seront-ils faits au soir du premier vote des militants, le 16 novembre ?

Le vote doit être clair, voilà ce que je demande.

Ne craignez-vous pas de disparaître en cas de victoire de Ségolène Royal ?

Je suis député depuis 1988 et maire depuis 2001. Ce seront les électeurs qui décideront de mon futur.

Propos recueillis par Isabelle Mandraud et Caroline Monnot

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