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Désirs d'avenir UK - Ségolène Royal 2007
18 octobre 2006

La guerre des trois n'a pas eu lieu

Les prétendants à la candidature socialiste pour la présidentielle de 2007 ont fait jeu égal hier lors de leur premier débat télévisé.

Par David REVAULT D'ALLONNES, Jean-Dominique MERCHET, Pascal VIROT

QUOTIDIEN : Mercredi 18 octobre 2006 - 06:00

Le tirage au sort a été favorable à Ségolène Royal. Lors du premier débat télévisé pour l'élection par les militants socialistes de leur candidat à la présidentielle, organisé hier soir par les deux chaînes parlementaires (LCP-AN et Public Sénat), la favorite des sondages a été la première à répondre à la question : «Pourquoi êtes-vous candidate ? Ñ Pour faire gagner la gauche et faire réussir la France.»

«Fin au désordre». Oubliant de saluer ses deux rivaux, elle s'est située sur le terrain de la proximité, «pour que l'économie ne soit pas au service de l'économie mais de l'humain et du bien-être». «Il s'agit de mettre fin au désordre des choses», a-t-elle affirmé. Et d'empiler les désordres : désordre «de la précarité», «de l'environnement», de «la baisse du pouvoir d'achat», de «l'anarchie financière»... A l'adresse de ses opposants qui l'accusent d'être sans fond, la députée l'a joué modeste : «Je n'ai pas aujourd'hui réponse à tout.»

C'est par un autre angle d'attaque que Dominique Stauss-Kahn a abordé le débat : il s'est d'abord adressé aux militants «inquiets, qui hésitent, qui attendent les débats mais qui ont peur que ces débats nous desservent». Un brin paternel, DSK «veut les rassurer. La démocratie n'a jamais fait de mal à quiconque. Elle permet d'éclairer les choix. Et ce qui nous rassemble est beaucoup plus fort que ce qui nous divise». Bref, sans nier «les divergences» entre les trois postulants, il promet qu'en 2007 «la droite arrivera divisée» car elle a été privée de débat, alors que le PS, en raison de ces confrontations publiques, se présentera «dans l'unité». Quant à Laurent Fabius, il a creusé son sillon, à gauche toute. «Je suis candidat parce qu'il y a des situations, des inégalités, des injustices que je n'accepte pas, qui doivent et qui peuvent changer. Des millions de salariés qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts, des centaines de milliers de jeunes qui sortent de l'école sans savoir lire, écrire, compter... Dans ma commune ouvrière de Grand-Quevilly [Seine-Maritime, ndlr], les Restos du coeur servent six fois plus de repas qu'il y a vingt ans», a-t-il ajouté.

Interrogée par les journalistes Emilie Aubry et Emmanuel Kessler sur la situation de la France, Royal s'est livré à un cours d'économie parfois un peu laborieux : «Une entreprise qui licencie massivement va voir ses charges diminuer, sa valeur ajoutée augmenter, mais va détruire de la valeur travail.» DSK a établi un diagnostic sombre, évoquant «le risque de déclassement» des salariés face à «une mondialisation qui tire les salaires vers le bas». Mais, prévient-il, «on ne peut pas refaire ce qui a été fait en 1997» avec Lionel Jospin à Matignon, car «la situation n'est pas la même». Quant à Fabius, son diagnostic est simple : «Précarité et décrochage.» Et l'ex-Premier ministre de dénoncer «cet hypercapitalisme mondial et financier» qui «lamine tout».

Comment relancer la croissance ? Pour Royal, cela passe d'abord par les régions : «La France de demain, c'est cette France des pôles de compétitivité, là où se trouve la matière grise, la compétitivité industrielle, les synergies. [...] Si je suis élue, je réunirai la totalité des régions de France [...]. Je régionaliserai entièrement l'aide aux filières et aux pôles de compétitivité.» Parlant «microcrédit» et «économie solidaire à relancer», elle «travaillera au plus près du niveau local». DSK ne voit qu'une solution : faire revenir «la confiance». Et, pour l'installer, il propose «une grande négociation, "pacte de l'Elysée" sur le pouvoir d'achat, le Smic, les retraites...», initié directement par le chef de l'Etat. Il prend même l'engagement, s'il est désigné par le PS, «de prendre contact avant même la présidentielle avec les syndicats et le patronat» afin que le processus puisse «aboutir avant la fin 2007».

100 euros. Fabius en revient à la relance par le pouvoir d'achat et les investissements dans la recherche... comme en 1981. S'il est élu à l'Elysée, l'ex-Premier ministre promet une augmentation immédiate des salaires et en particulier du Smic, qui recevra un coup de pouce de 100 euros «dès les premiers jours». Les exonérations des charges sociales seront supprimées pour les grandes entreprises. Et les 35 heures seront non seulement maintenues, mais «généralisées» aux petites entreprises. Sur les 35 heures, Strauss-Kahn refuse de s'appesantir : «C'est un sujet qui est un peu derrière nous», affirme-t-il, souhaitant «dépasser cette question». Mais il reprend : lorsque la gauche était au pouvoir entre 1997 et 2002, elle a créé «deux millions d'emplois». «Nous ne sommes pas des magiciens (...). Mais on l'a fait (...). Et ça interdit de dire qu'on ne peut pas le refaire.»

«Jugés sévèrement». Durant la première partie du débat, les trois rivaux ont évité les petites phrases qui fâchent, même si Laurent Fabius a souhaité savoir «si ses compétiteurs sont du même avis que lui», et Dominique Strauss-Kahn a reconnu «rejoindre Mme Ségolène Royal quand elle dit qu'il faut être au plus près de l'individu». Avant le débat, le premier secrétaire du PS, François Hollande, avait mis en garde «ceux qui pourraient se comporter mal», pronostiquant qu' «ils seront jugés sévèrement» par les militants au moment du vote. Les trois candidats à l'investiture socialiste ont donc soigneusement évité de s'adresser la parole.


http://www.liberation.fr/actualite/evenement/evenement2/211371.FR.php

© Libération

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