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Désirs d'avenir UK - Ségolène Royal 2007
22 août 2006

Lionel Jospin s'interroge sur la "légitimité" des candidats socialistes

LE MONDE | 22.08.06 | 13h51  •  Mis à jour le 22.08.06 | 13h51

SANTANDER (ESPAGNE) ENVOYÉE SPÉCIALE

es confidences ne sont pas spontanées. Mais cette fois, en marge du séminaire sur l'Ouest et le monde arabe organisé lundi 21 août dans le cadre du Palacio de la Magdalena de Santander par le Club de Madrid, qui réunit d'anciens dirigeants de pays démocratiques, Lionel Jospin a fait une exception.

"J'ai appris à parler plus simplement", glisse en boutade l'ancien premier ministre. Non pas pour rendre officielle son éventuelle candidature à l'investiture du PS pour l'élection présidentielle mais enfin, il est toujours "disponible". "Si on a besoin de moi", assure-t-il, avant de reconnaître que "ça ne rend pas les choses faciles".

Détendu, souriant, Lionel Jospin se dit "serein, quelles que soient les hypothèses". Mais il se contient. L'ambiance, à la veille de la rentrée des socialistes lors de leur traditionnelle université d'été qui s'ouvrira à La Rochelle (Charente-Maritime) le 24 août, il la trouve "extrêmement feutrée". Car "si les gens disaient vraiment ce qu'ils pensent, ce le serait beaucoup moins". Lui-même... "Je me feutre", ironise-t-il. Tout en refusant de parler des candidats, à commencer par la favorite des sondages, Ségolène Royal, Lionel Jospin pose toujours le problème du "leadership" au PS et de la situation "inédite" dans laquelle se trouve le parti. Par le passé, raconte-t-il, il n'y avait qu'un candidat, voire deux comme pour l'élection de 1995, lorsque les militants avaient tranché en sa faveur contre Henri Emmanuelli. Mais les deux hommes avaient la "légitimité" d'avoir dirigé le parti. Aujourd'hui, affirme M. Jospin, "on ne sait pas qui peut incarner ce leadership. Quelque chose ne s'est pas fait".

Il a "vu", entendu des "références à François Mitterrand" qui l'exaspèrent. "François Mitterrand a participé à tous les combats du PS, à tous les grands débats stratégiques, que ce soit sur l'Europe, les négociations avec le PCF ou sur la question des SS-20 et des Pershing, lance M. Jospin. Il n'était pas le leader parce que cela lui avait été religieusement confié." La charge est rude. Il la complète : "Il faut d'abord considérer que le PS est un grand parti, une grande formation politique et que ce qui s'y passe est précieux."

Pour l'ancien premier ministre, à trois mois de la désignation du candidat socialiste prévue en novembre, rien n'est joué. "On a le temps encore", affirme-t-il. Et puis, malgré les sondages - dont il refuse de parler - qui donnent un très net avantage à Mme Royal, le choix des militants ne lui paraît pas figé. Il y voit un "indice de cette situation particulière" qu'il décrit : "Personne ne peut dire ce qui va se passer" lors du vote, déterminant, des militants.

A ses yeux, les débats préliminaires qui devraient être organisés entre les candidats, s'ils sont bien dans la tradition "démocratique" du parti, auront quelque chose "d'académique", car "on ne va pas au fond de ce que l'on pense". "A mon sens, ajoute-t-il, si les militants savent regarder, s'ils savent lire, ils ont déjà tous les déterminants." Peut-être, ajoute avec une pointe d'acidité Lionel Jospin, "y a-t-il des problèmes de dosage, en termes d'enthousiasme d'un côté, de réticence de l'autre".

La situation de la gauche, toujours divisée, le "préoccupe". Depuis 2002, elle ne "semble pas avoir beaucoup avancé". C'est d'ailleurs sur ce thème que Lionel Jospin, attendu à La Rochelle, devrait s'exprimer. Devant le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) il parlera du "rapport de la gauche avec le pouvoir", façon de cultiver sa différence. A droite aussi, précise-t-il, "les divisions sont réelles mais le problème (du leadership) semble réglé, tandis que le nôtre ne l'est pas encore..."

Dimanche, en Bourgogne, depuis Frangy-en-Bresse où Mme Royal a tenu son premier meeting de rentrée, François Rebsamen, numéro deux du PS, avait posé un peu différemment le problème. "Il faudrait qu'il y ait quelques candidats qui se retirent, un grand parti comme le PS ne devrait pas en avoir de trop", avait-il affirmé, provoquant des réactions indignées, lundi, parmi les concurrents de Mme Royal. Au sujet de Lionel Jospin, M. Rebsamen s'était montré encore plus cruel. "Pour le moment, avait-il déclaré, il n'est pas candidat. Personne ne conteste sa stature d'homme d'Etat, maintenant pour être un recours il faudrait qu'il y ait une raison."


Isabelle Mandraud

Article paru dans l'édition du 23.08.06



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