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Désirs d'avenir UK - Ségolène Royal 2007
24 août 2006

François Hollande : "Je déciderai, le moment venu, d'être candidat ou pas"

LE MONDE | 24.08.06 | 11h17  •  Mis à jour le 24.08.06 | 11h20

ourquoi le premier secrétaire du PS n'est-il pas le candidat du parti pour l'élection présidentielle ?

Il y aurait une logique à ce qu'il le soit. Mais ce n'est pas la règle dans notre parti, puisque c'est le vote des militants qui doit en décider. Nous avons adopté, sous ma responsabilité, un calendrier et une procédure. Je me dois d'être le premier à les respecter.

Lionel Jospin pose la question de la légitimité…

h_9_ill_771690_francois_hollandeMa légitimité est celle du premier secrétaire élu par le suffrage des militants lors de quatre congrès successifs. C'est aussi d'avoir conduit les socialistes lors des dernières échéances électorales, d'avoir été le garant de leur unité depuis neuf ans. Cette situation me confère autant de droits que de devoirs.

Mon rôle, dans cette période, est encore et toujours de rassembler pour gagner. Et c'est en fonction de cette seule considération que je déciderai, le moment venu, d'être candidat ou pas. Je ne suis pas dans la même situation que d'autres prétendants, parce que je suis premier secrétaire. Aujourd'hui, toutes les hypothèses sont ouvertes. Viendra le temps du choix au moment du dépôt des candidatures [avant le 3 octobre].

François Rebsamen, numéro deux du parti, a appelé des candidats à l'investiture du PS, comme Jack Lang et Dominique Strauss-Kahn, à se retirer au profit de Ségolène Royal. Quelles règles allez-vous instituer ?

D'ici au 3 octobre, je prendrai toutes les initiatives nécessaires pour provoquer une réflexion collective et susciter des rapprochements. Mais chacun sera libre et il ne faut rien craindre du vote. Je veux un choix démocratique et en même temps un exercice politique qui permette le renforcement de notre futur(e) candidat(e) pour créer une dynamique de victoire.

Soutiendrez-vous Ségolène Royal ?

Je n'ai pas, à ce stade, à encourager ni à soutenir qui que ce soit. Je constate, comme beaucoup, qu'elle compte dans l'opinion des Français.

Les sondages commandent-ils la désignation ?

Non, sinon pourquoi voter ? Mais je ne voudrais pas que la popularité soit considérée comme un handicap. Ce serait un comble ! Les sondages sont un élément du choix, mais ce n'est pas le seul. Pour ma part, mes critères sont simples : qui peut rassembler, qui peut gagner, qui peut diriger dans la durée le pays, avec une conception de la politique et des institutions fondée sur la responsabilité, l'équilibre des pouvoirs et le travail collectif.

L'expérience n'est plus le critère déterminant ?

Nul n'en manque parmi les éventuels candidats.

Les détracteurs de Ségolène Royal lui reprochent d'être "creuse"

Je n'accepte pas qu'on disqualifie ou qu'on dévalorise les personnes. Cela vaut pour tous. Ségolène a déjà montré aux Français, tout au long de sa vie politique, ses capacités, que cela soit au gouvernement, au Parlement ou dans sa région.

Que faites-vous de la "disponibilité" de Lionel Jospin ?

Il a dit sa disponibilité, c'est un élément de réflexion. On connaît ses compétences et son expérience. Et, quoi qu'il arrive, nous aurons besoin de lui.

A gauche, le nombre de candidats ne semble pas plus limité…

Le PCF comme les Verts ont pour tradition depuis 1981 de présenter un candidat. Et leur présence peut même être un facteur de succès de la gauche au second tour, si une dynamique d'union est créée.

En revanche, ce que je conteste, c'est une conception de la présidentielle qui voudrait que cette élection ne soit plus le choix d'un chef de l'Etat lors du second tour, mais l'occasion d'un vaste débat du premier tour et qui, pour la gauche, pourrait s'arrêter là. Je ferai tout pour redonner à ce scrutin son sens et sa dignité.

J'ai donc proposé aux radicaux de gauche et aux amis de Jean-Pierre Chevènement un accord dès le premier tour. Et j'ai demandé aux élus socialistes de réserver leur parrainage au seul candidat de leur parti.

L'enjeu de 2007, c'est le changement, pas le chahut. Les Français doivent faire un choix. Pas pour nous-mêmes, mais pour le pays.

La croissance repart à la hausse, ainsi que les indicateurs sur l'emploi, la consommation et le moral des ménages. Cela ne vous prive-t-il pas d'arguments pour la campagne ?

La croissance sera en 2006, dans le meilleur des cas, au rythme qui avait été annoncé dans la loi de finances (2,5 %). Nous disions déjà que c'était trop peu. Il y une reprise au deuxième semestre partout en Europe. Mais elle est fragile, comme en témoignent le déficit historique de notre commerce extérieur et l'endettement préoccupant des ménages.

La question majeure donc est de savoir comment pérenniser la croissance et redistribuer ses gains. Quant au chômage, il se situe aujourd'hui au niveau de 2002 ! Sa baisse récente s'explique essentiellement par les évolutions démographiques liées aux départs en retraite. Et les créations d'emploi sont essentiellement liées à l'intérim et aux contrats aidés. C'est-à-dire au développement de la précarité.

Enfin, le pouvoir d'achat des Français est largement amputé par la hausse des prix de l'énergie, alors que nous demandons depuis un an la réintroduction de la TIPP [taxe intérieure sur les produits pétroliers] flottante. Sa faible progression cette année cache un creusement des inégalités en faveur des revenus patrimoniaux et des hautes rémunérations. Les classes moyennes et modestes n'ont pas le juste retour de leurs efforts.

Je demande donc une conférence sur le pouvoir d'achat qui permettrait de relancer les négociations salariales sur les minima de branche, notamment ceux inférieurs au smic, et d'introduire les mécanismes fiscaux et sociaux permettant d'amortir le choc énergétique qui pèse sur le budget des Français.

Est-il constructif d'avoir déposé des milliers d'amendements sur le rapprochement de Gaz de France et de Suez au Parlement ?

Nous ferons du débat sur Gaz de France non pas une bataille procédurale, mais une discussion stratégique sur l'avenir énergétique de la France. Elle permettra de confronter deux politiques : l'une, celle de la droite, qui lève un à un les instruments de contrôle de la puissance publique sur les entreprises du secteur et abandonne toute maîtrise de la politique tarifaire; l'autre, la nôtre, qui part du constat que la politique énergétique est centrale pour l'environnement, la croissance économique et l'indépendance nationale, et appelle à la constitution d'un pôle public dans le respect des règles européennes pour préparer l'après-pétrole.

Nous sommes favorables à un rapprochement d'EDF et de GDF.

Je mènerai moi-même, avec les présidents de groupes, le combat parlementaire sur ce sujet. Le nombre d'amendements est destiné à imposer un débat dans le pays qui doit être aussi long que possible. Il ne s'agit pas d'une question banale, mais d'un choix irréversible. En cas de fusion GDF-Suez, il n'y aura pas de retour.

Je ne désespère pas d'ailleurs que le gouvernement soit obligé de retirer son texte comme il l'a fait pour le contrat première embauche. Car, au-delà du ralliement de Nicolas Sarkozy à Dominique de Villepin et du reniement de sa parole d'ancien ministre de l'économie et des finances, les réticences dans la majorité demeurent fortes.

Au-delà de la dénonciation sur l'expulsion du squat de Cachan, qu'auraient fait les socialistes ?

Pour beaucoup, il s'agit d'immigrés arrivés depuis 2002. C'est la politique de Nicolas Sarkozy qui a créé cette situation où de nombreux étrangers ne sont ni régularisables ni expulsables et, en plus, logés dans des conditions indignes. Nous proposons une autre démarche : celle d'une immigration partagée, en accord avec les pays d'origine et de transit, et une régularisation continue fondée sur des critères précis et incontestables. Et c'est Nicolas Sarkozy qui est, aujourd'hui, confronté à une opération massive de régularisation. Il la mène dans l'arbitraire.


Propos recueillis par Arnaud Leparmentier et Isabelle Mandraud


Au Liban, "la France apparaît désormais spectatrice"

Hier sur l'Irak, aujourd'hui sur le Liban, le PS s'est aligné sur la position de Jacques Chirac. Jouez-vous toujours l'union sacrée en politique étrangère ?

Nous soutenons des principes, ceux que nous mettrions en œuvre si nous étions en responsabilité. Nous étions contre l'intervention en Irak, Jacques Chirac aussi, mais nous n'aurions pas confondu grandeur avec isolement.

Sur le Liban, nous avons approuvé le triptyque "cessez-le-feu, accord politique, force d'intervention", proposé par le chef de l'Etat en juillet. Mais, nous n'avons pas admis les déclarations de Philippe Douste-Blazy sur le rôle stabilisateur de l'Iran. On en voit aujourd'hui les conséquences avec l'annonce de la poursuite de son programme nucléaire… Mais ce qui est le plus incompréhensible, c'est qu'après avoir été actrice du vote de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, la France apparaît désormais spectatrice. Je regrette que notre pays ait finalement choisi d'être en retrait par rapport au rôle qui était attendu de lui au sein de la Finul et qu'il n'ait pas dégagé une stratégie européenne pour la constitution de cette force.

Le Hezbollah est-il un parti terroriste ?

Le Hezbollah fait partie de la communauté libanaise, que ça nous plaise ou non. Il porte une lourde responsabilité dans le déclenchement des hostilités. Il faut qu'il soit désarmé et intégré dans un processus politique.

Propos recueillis par Arnaud Leparmentier et Isabelle Mandraud

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