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Désirs d'avenir UK - Ségolène Royal 2007
19 octobre 2006

Trois candidats et un projet à l'économie

Bien qu'envié par la droite sur la forme, le débat de mardi soir révèle un manque d'audace économique chez les trois candidats.

Par Grégoire BISEAU, Paul QUINIO

QUOTIDIEN : Jeudi 19 octobre 2006 - 06:00

Encadré ? Le débat télévisé de mardi soir entre les prétendants socialistes à l'investiture présidentielle l'était. Policé ? Il le fut sans aucun doute. Décisif ? Certainement pas. Pour désigner un vainqueur, il faudra attendre la tenue des autres débats. Laurent Fabius, Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn vont se retrouver ce soir à Clermont-Ferrand. Sans caméra. Mais face à de vraies gens. Puis, à quatre autres reprises d'ici le 16 novembre, date du premier tour du vote militant. Autant d'occasions de tirer pour les uns et les autres les enseignements de ce premier rendez-vous (lire ci-dessous). Instructif, le débat de mardi ? Oui. Pour au moins deux raisons. La première tient aux points de divergence apparus entre les trois candidats, notamment sur les 35 heures. La seconde à l'absence de mesures phares novatrices dans le projet des trois candidats.

Il est frappant de constater que le seul vrai sujet de clivage est celui des 35 heures, réforme phare des années Jospin. Elle a été au centre des débats socialistes au lendemain du 21 avril 2002, notamment à propos de la désaffection de l'électorat populaire. Quatre ans plus tard, le PS n'a donc toujours pas soldé le bilan de l'ancien Premier ministre. DSK a le mieux résumé l'embarras socialiste en évoquant un «sujet dépassé». Surtout, Laurent Fabius en prônant la «généralisation des 35 heures» s'est voulu fidèle à sa ligne de gauche. A l'inverse, Ségolène Royal a assumé la «régression sociale» engendrée par les 35 heures pour une «minorité» de salariés. Une manière pour elle de «parler vrai» mais aussi de s'adresser à l'électorat populaire.

Economistes pantois. La question de la hausse du pouvoir d'achat a été l'autre sujet de friction. Laurent Fabius a plaidé pour une augmentation immédiate du SMIC de 100 euros au nom des valeurs de «gauche». Tandis que Dominique Strauss-Kahn et Ségolène Royal préféraient s'en remettre à la négociation entre partenaires sociaux. «C'est peut-être 100 euros, peut-être un peu moins, peut-être un peu plus», a dit la favorite de sondages.

Quoi qu'il en soit cette cuisine a laissé plusieurs économistes pantois. «C'était à la fois un peu pathétique et un peu ringard. Le débat donnait l'impression de se limiter à une course à l'échalote sur la hausse du Smic», lâche Thomas Piketty, directeur d'études d'EHESS. Pour beaucoup de spécialistes, le débat était loin de refléter les enjeux à venir de l'économie française. La question des retraites (et celle de son financement) a été à peine abordée et celle de la sécurisation des parcours professionnels tout juste évoquée. Celle de la dette, a été discutée par le seul Dominique Strauss-Khan. Pas un mot sur la réforme de la fiscalité ou celle de l'Etat, ni sur le gouvernement économique européen. Aucun n'a souhaité donner à ses mesures un cadre de politique globale. «On ne parle plus de programme économique et encore moins de projet. Le débat s'est rétréci sur les seuls instruments de politique économique et leur éventuelle efficacité dans le court terme. Dans ce cadre-là, il ne faut pas s'étonner si il y a plus beaucoup de différence entre la droite et la gauche», affirme René Passet, professeur de l'université Paris-I.

«C'est pauvre». Voilà l'autre enseignement de ce débat : en l'état actuel, la gauche part au combat avec une plateforme incroyablement tristounette. Pendant ces deux heures de débat, pas une seule innovation de gauche n'est venue titiller l'oreille. Rien qui puisse cristalliser demain une éventuelle opposition gauche-droite. Comme à son époque a pu le faire le RMI ou la CSG. Ou encore les 35 heures et les emplois-jeunes. Là, rien ou si peu. «C'est vrai que c'est pauvre», reconnaît Pierre-Yves Geoffard, chercheur au CNRS. «Ça peut pas être pire que maintenant», enchaîne Piketty. Professeur à Sciences-Po, et conseiller de Fabius, Jacques Généreux ne voit pas le problème : «La question n'est pas de savoir si telle mesure est neuve ou pas. Mais si elle est efficace ou juste.»

Le calendrier défini par le PS (d'abord un programme, ensuite des primaires, et enfin un candidat) a sûrement bridé les imaginations. Si bien que les trois candidats sont aujourd'hui tenus par un projet établi sur la base du plus petit commun dénominateur à toutes les sensibilités du parti. Faut-il pour autant désespérer ? « La version optimiste, c'est que les nouvelles idées sortiront une fois que le candidat de la gauche sera nommé», espère Geoffard.


http://www.liberation.fr/actualite/politiques/211650.FR.php

© Libération

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